Les Dames du lac de Marion Zimmer Bradley

Présentation :

Auteure : Marion Zimmer Bradley
Genre : Fantastique
Date : 1982
Saga : tome 1
Édition : Le livre de poche

 

Résumé : (je vais reprendre celui de l’éditeur pour une fois)

La légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde n’avait, depuis longtemps, inspiré un roman d’une telle envergure, d’un pareil souffle.
Merlin l’Enchanteur, Arthur et l’invincible épée, Lancelot du Lac et ses vaillants compagnons. Tous sont présents mais ce sont ici les femmes qui tiennent les premiers rôles : Viviane, la Dame du lac, Ygerne, duchesse de Cornouailles et mère d’Arthur, son épouse Guenièvre, Morgane la fée, sœur et amante du grand roi …
Cette épopée envoûtante relate la lutte sans merci de deux mondes inconciliables, celui des druides et des anciennes croyances défendant désespérément un paradis perdus et celui de la nouvelle religion chrétienne supplantant peu à peu rites et mystères enracinés au cœur de la Grande-Bretagne avant qu’elle ne devienne l’Angleterre.

Avis :
Je sais, je sais, je vous ai déjà parlé de ce livre dans mon bilan du Cold Winter Challenge et dans mes coups de cœur de 2020. Mais le format forcément court de ses avis m’avait un peu frustré, car il ne rendait pas vraiment hommage à cette pépite. Il est donc temps de faire une vraie chronique pour que vous puissiez à votre tour découvrir cette merveille.

Commençons par ce qui fait toute la particularité de ce livre : les personnages ! Vous l’aurez compris le principe même de ce livre est de raconter l’épopée arthurienne, mais du point de vue des femmes. On rencontre alors des femmes fortes et passionnantes, toutes très différentes. Cela m’a permis de découvrir des personnages que d’habitude je ne comprends pas. C’est le cas d’Ygerne, la mère d’Arthur. Dans la plupart des récits, c’est le personnage avec lequel que j’ai le plus de mal. Ici, au contraire, j’ai enfin pu mieux la comprendre et j’ai même été touchée par son histoire. De même, le personnage qui m’a le plus intrigué est Viviane, la Dame du Lac. On se rend compte que derrière la prêtresse sacrée se cache une femme qui peut aussi avoir des fragilités. J’ai hâte d’en apprendre plus sur elle dans le prochain tome. Mais de tous les personnages, c’est celui de Morgane qui m’a plus plus marqué. C’est simple ; elle m’a fasciné. Dans les légendes arthuriennes, c’est un personnage trouble, tantôt alliée tantôt ennemie d’Arthur. Ici, on la redécouvre vraiment dans toute sa complexité. J’ai rarement rencontré un personnage féminin aussi profond. Morgane est un vrai modèle ! Ce livre met en avant le point de vue des femmes mais d’une façon totalement naturelle. Il n’essaye pas de mettre en avant des personnages qui n’ont rien à raconter ou qui servent juste de narrateur à une épopée à laquelle ils ne participent pas. Non. Les femmes ont un rôle actif et légitime. Cela donne à la fois un point de vue totalement inédit et une vision qui satisfait pleinement la féministe que je suis. Le seul personnage avec qui j’ai eu du mal est Guenièvre. Sa rigidité d’esprit et ses sentiments pour Lancelot m’ont rapidement tapé sur les nerfs.

L’autre chose qui rend ce livre absolument fantastique est l’ambiance si particulière qui s’en dégage. Même après tous ces mois qui me séparent de ma lecture, l’image qui me marque le plus est la mystérieuse brume qui résume à elle seule les mystères d’Avalon, comme si elle imprégnait toute histoire. J’ai vraiment adoré cette ambiance. Le côté très mystique d’Avalon et de ces rituels sont très présents. L’histoire se passe à un moment très particulier, celui où la religion druidique vit ses derniers instants face au christianisme. Dans les remerciements, l’auteure explique que la religion d’Avalon est très peu connue et qu’elle s’est énormément documentée. Eh bien le challenge est réussi car j’ai vraiment été soufflée par la magie et le mysticisme qui se dégagent de ce récit. Néanmoins, parfois, certains rites et croyances ne sont pas expliqués car les personnages qui les évoquent savent déjà de quoi il s’agit (les feux de Beltane, par exemple). Cela ne gêne pas la compréhension du texte, mais je dois avouer que ça a attisé ma curiosité et m‘a poussé à faire quelques recherches sur les dieux et les rituels druidiques.

En conclusion :
Vous l’aurez compris, j’ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Son point de vue tout à fait nouveau m’a totalement convaincue. Que ce soit pour ces personnes ou son ambiance si particulière, ce livre est réellement une plongée dans un univers incroyable. C’est un livre féministe, mystique, passionnant, intelligent et bien écrit. Que demandez de plus ? Je n’ai qu’une chose à vous dire : laissez-vous tenter ! Personnellement, j’ai hâte de pouvoir mettre la main sur Les Brumes d’Avalon (le deuxième tome).

Est-ce que vous l’avez lu ? Si oui, qu’en avez-vous pensez ?
Et si vous ne l’avez pas lu, est-ce qu’il vous tente ?

Note: 4.75/5 : une lecture passionnante.

• qualité d’écriture: 4/5
• personnages: 5/5
• monde: 5/5
• plaisir de lire: 5/5

Citation:
«Morgane parle…
« Jadis on m’a donné les noms les plus divers : ceux de sœur, d’amante, de prêtresse, de mage et de reine. Aujourd’hui, le temps de la sagesse venu pour moi, je pense proche le jour où ces choses devront être connues. Mais à dire la vérité, la vérité toute simple, je pense que ce sont les chrétiens qui raconteront la fin de l’histoire ; en effet, le monde des Fées se sépare à jamais du monde où le Christ règne en maître. Je n’ai rien contre le Christ, mais seulement contre ses prêtres, qui appellent démon la Grande Déesse et lui dénient tout pouvoir ici-bas. Au mieux, disent-ils, sa puissance lui vient de Satan, ou bien encore la revêtent-ils de la robe bleue de la Dame de Nazareth, prétendant de surcroît qu’elle fut toujours vierge. Or que peut donc savoir une vierge des douleurs et des larmes de l’humanité? »
 » C’est pourquoi maintenant, maintenant que le monde a tant changé et qu’Arthur, mon frère, mon amant—qui fut roi et qui le restera à jamais—repose, mort (endormi, dit-on), dans l’île Sacrée d’Avalon, cette histoire doit être contée telle qu’elle se déroula vraiment, avant que les prêtres du Christ Blanc ne l’effacent pour toujours avec leurs saints et leurs légendes. »»